Axe 1 |
Pensées, actions et structures socio-politiques
dans l’Europe romane et dans l’Amérique hispanique (XIVe – XXIe siècles)
Conflits religieux, instrumentalisation des cultes et projets de construction politiques dans l’aire culturelle romane et l’Amérique hispanique (XIVe – XXIe siècles)
Coordonnateurs : Rodrigo Díaz Maldonado, Stefano Magni
Dans la continuité des recherche développées par l’Axe 1 du CAER sur « les mots du politique » et l’articulation entre les idées politiques, les discours et leurs vecteurs, et les formes de l’action politique, la nouvelle thématique choisie, articulée avec l’axe « Traumatismes, conflits, normes et altérités » de la fédération de recherche CRISIS, est celle des rapports entre les discours politiques et la/les religion(s) dans l’Europe romane et l’Amérique latine, de la fin du Moyen-Âge au temps présent.
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Suivant l’approche pluridisciplinaire et les principes d’une réflexion sur les méthodologies, les sources et les supports, tel que cela a été pratiqué lors du contrat 2012-17, l’on s’intéressera à la façon dont s’articulent structures et discours politiques et religieux, leurs ressorts communs et leurs spécificités, les modalités de leurs interactions, selon les périodes et les aires géographiques embrassées, en fonction des contextes de leur production et des stratégies de ceux qui les produisent.
Les recherches envisagées dans ce cadre traiteront de la construction (réelle ou fictive) de structures socio-politiques, en réaction ou en réponse à la conflictualité religieuse, et de l’usage du religieux en tant qu’élément de cohésion sociale et d’opposition à l’ « Autre ». Bien que les périodes moderne et contemporaine occupent une place essentielle dans les recherches des coordinateurs du programme, il sera nécessaire d’adopter un cadre chronologique plus large permettant l’étude d’expériences historiques plus variées, et parfois fondatrices (Antiquité classique et orientale, Moyen Âge) et éclairant les rapports entre conflits religieux (ou bien au contraire forme d’institutionnalisation des cultes) et la construction des ordonnancements juridiques et politiques.
Il est bien évident que ces phénomènes se réalisent également sur un plan spécifiquement rhétorique, c’est-à-dire à travers la construction langagière des outils de l’organisation du consensus et entraînant des évolutions, à la fois profondes et parfois insensibles à première vue, du discours politique. Pour cette raison, la recherche conjuguera les études littéraires et historiques, et sera ouverte à d’autres champs scientifiques : philologie classique et histoire de l’antiquité (aussi bien occidentale qu’orientale) ; histoire et sociologie du droit pour l’examen (de iure condito et de iure condendo) des relations historiques entre les deux fors ; sociologie politique et psychologie ; histoire des sciences et de la pensée scientifique (développement de la ‘philosophie naturelle’ à partir du XVe siècle) ; historie des langues (naissance du vocabulaire scientifique et développement du langage scientifique vernaculaire, parfois en opposition à la langue cristallisée de la Scolastique) ; philosophie politique et histoire des théories politiques ; histoire des arts avec une attention particulière au système des commanditaires à l’époque moderne.
Une première piste d’enquête susceptible de favoriser l’implication des chercheures spécialistes dans différents domaines (histoire, histoire du droit et sciences politiques, études littéraires et iconographiques, sciences humaines) et dans une longue durée historique sera l’analyse des « pratiques » conçues à l’origine dans le contexte religieux et transposées, entre le Moyen Âge et le début de l’époque moderne et de l’Amérique coloniale, dans la vie et l’expérience quotidiennes d’une grande partie de la population, parmi lesquelles l’assemblée, la confession auriculaire, les réflexions sur le corps et la corporalité, etc.
Un deuxième axe de recherches s’intéressera aux discours relevant de l’utopie, tant dans la sphère philosophico-politique que religieuse, et à leurs rapports. Dans des contextes historiques et géographiques extrêmement différents, la pensée utopique a construit des modèles imaginaires de constructions sociales, économiques et politiques. Avant même l’apparition du terme « utopie », sous la plume de l’humaniste anglais Thomas More (1478-1535), la République de Platon ou certains passages de la Cité de Dieu d’Augustin d’Hippone illustrent la puissance d’un idéal de dépassement du monde et des structures de pouvoir créées par les sociétés humaines. Dans l’Histoire, cet idéal d’établissement d’une société parfaite, du Moyen-Âge à notre plus proche actualité, s’est nourri des écrits et des discours eschatologiques produits par différents courants des religions du Livre. Le projet consistera à étudier comment s’opère cette interaction, dans quelles stratégies s’inscrivent ceux qui écrivent et diffusent leurs écrits, les supports qu’ils choisissent et les modalités de leur circulation.