Séminaire Culture et fascisme – 06/03/2023 Maison de la Recherche, salle 3.43 et en ligne

Cycle de Séminaires

POUVOIR ET SAVOIR

La culture italienne dans le projet totalitaire fasciste

Deuxième journée – Culture et fascisme

 06/03/2023 14h00

Maison de la Recherche salle 3.43

Avec 

Stéphanie LANFRANCHI (ENS de Lyon, TRIANGLE)

Clément LUY (ENS de Lyon, TRIANGLE)

Élise VARCIN (ENS de Lyon, TRIANGLE)

Silvia TEDESCHI (Aix-Marseille Université, CAER)

link nel pdf qui sotto:

Affiche 6 marzo

Dans le premier chapitre de Storia della cultura fascista[1], Alessandra Tarquini s’arrête sur le développement de l’historiographie relative à la culture fasciste. À ce propos, elle souligne à quel point les toutes premières études, datant la fin de la Deuxième Guerre mondiale, diffèrent de l’historiographie la plus récente. Durant ces années, en effet, ceux qui font progresser le débat autour du concept de culture fasciste, sont les représentants de la réalité antifasciste. Ces derniers refusent d’accorder au fascisme une idéologie spécifique et des caractéristiques propres ; ils considèrent cette période comme une époque obscure, symptôme d’une maladie morale, ou comme un moment dépourvu de toute originalité d’un point de vue idéologique et culturel, ou encore comme une phase à laquelle seuls peuvent être associés les concepts d’« inculture et incivilité »[2]. Norberto Bobbio arrive à définir les intellectuels qui sont clairement et intégralement fascistes « pour la plupart des intellectuels de mezza tacca »[3], voire à parler du ministre Giovanni Gentile comme d’un intellectuel « rhétorique et gonflé » quand il « écrivait comme un fasciste », capable de remplir « avec des paroles grandiloquentes des concepts vides »[4]. À la crainte de légitimer le régime en lui attribuant une forme de culture s’ajoute celle de reconnaître l’existence même d’une telle culture et, ce faisant, de devoir justifier l’implication dans la politique de l’État de ces intellectuels.lles qui après la chute du régime s’étaient rangé.es dans le camp de la démocratie et dans les rangs des antifascistes. Toutefois, Tarquini met en évidence le fait qu’en 1955 Eugenio Garin donne une définition de la culture fasciste comme « une culture réactionnaire de matrice catholique et spiritualiste »[5]. Cette définition se traduit comme une première tentative de légitimation de la culture fasciste. Les tentatives suivantes proviendront, à partir de la seconde moitié des années 60, de l’historiographie étrangère : à ce propos nous rapportons la contribution du politologue et historien américain Anthony James Gregor qui en 1969 publie The Ideology of Fascism[6], dans lequel il ne soutient pas seulement la légitimité d’une idéologie fasciste mais il décrit aussi «les positions exprimées par les intellectuels fascistes, en démontrant leur contribution pour les courants de pensée européenne »[7]; et encore, le contribue de l’historien Philip Cannistraro, qui soutient l’existence d’une culture fasciste utilisée par le régime comme instrument pour créer le consensus, en impliquant les intellectuels.elles dans ce processus. Enfin, l’historien George Mosse révolutionne en quelque sorte l’historiographie sur le fascisme en affirmant que ce dernier a représenté la « fin de l’aliénation de l’homme moderne réintégré dans la collectivité nationale » et en en soulignant la capacité du fascisme à offrir « un nouveau sentiment d’appartenance »[8]. En revanche, en ce qui concerne l’élaboration italienne du concept de culture fasciste, ou la définition des spécificités de cette culture, il faudra attendre au moins la seconde moitié des années 70. À ce propos, c’est l’historien Emilio Gentile[9] qui propose des clés de lecture originales du phénomène politique fasciste, en soulignant la nouveauté de l’expérience humaine à l’intérieure de la société, qu’il considère comme une expérience intégralement connectée à la dimension politique. Selon Gentile, la politique dans le régime fasciste est considérée au-dessus de toutes manifestations de la réalité quotidienne, y compris de la culture. En outre, l’historien affirme que la modernité du fascisme réside dans sa capacité à transférer le concept de sacralité de la dimension religieuse à la dimension politique. Le régime aurait donc donné vie à un véritable fidéisme d’État. Plus tard, plusieurs spécialistes se concentreront sur les spécificités du régime fasciste ; parmi ceux-ci nous rappelons Renzo De Felice, qui travaille aussi sur le caractère totalitaire du régime[10], Gabriele Turi, qui réfléchit sur le tentative de la part du fascisme de « se construire une légitimation historique précisément à travers la culture »[11], et encore, Mario Isnenghi et Piergiorgio Zunino, qui pour analyser l’idéologie fasciste, se focalisent sur l’historiographie relative à la culture fasciste de matrice antifasciste, en soulignant comment cette dernière a donné vie à l’immagine di un’ « Italia fascista come una chiesa vuota, senza religione e senza fedeli i cui falsi sacerdoti non sono riusciti a trovare collegamenti col popolo se non secondo moduli di una stucchevole e bolsa demagogia »[12].

[1] TARQUINI, Alessandra, Storia della cultura fascista, Bologna, Il Mulino, 2011, p.13.

[2] LUPERINI, Romano et CATALDI, Pietro, Scrittori italiani tra fascismo e antifascismo, Pisa, Pacini Editore, 2009, p.V.

[3] BOBBIO, Norberto, Politica e cultura, Torino, Einaudi, 1955, p.198 in Op. cit. TARQUINI, Alessandra, Storia della cultura fascista p. 14.

[4] Id., La cultura e il fascismo, in Ibid.

[5] Op. cit. TARQUINI, Alessandra, Storia della cultura fascista p. 16.

[6] Ivi, p.30.

[7] Ibid.

[8] Ivi, p.31.

[9] GENTILE, Emilio, Le origini dell’ideologia fascista, Bari, Laterza, 1975.

[10] Id., Lo storico e il personaggio, Roma, Laterza, 2003.

[11] TURI, Gabriele, Il fascismo e il consenso degli intellettuali, Bologna, Il mulino, 1980.

[12] ISNENGHI, Mario, Intellettuali militanti e intellettuali funzionari: appunti sulla cultura fascista, Torino, Einaudi, 1979, in op. cit. TARQUINI, Alessandra, Storia della cultura fascista p. 39.