AAC Le neuvième art : transparence et opacité, Palerme, 9/10 mars 2023

Université de Palerme, Dipartimento di Scienze Umanistiche

Aix-Marseille Université (AMU)

Association francophone de Sicile

 

Colloque international

Le neuvième art : transparence et opacité

 

L‘Université de Palerme, Dipartimento di Scienze Umanistiche, organise, en collaboration avec l’Université d’Aix-Marseille et l’Association francophone de Sicile, un colloque international qui se tiendra à Palerme les 9 et 10 mars 2023. L’objectif du colloque est celui de concentrer la réflexion sur la perméabilité de l’art séquentiel, en analysant les contenus et les nuances de sens que le dessin abrite en filigrane. Outre la valeur esthétique et l’énorme potentiel que la BD possède dans les formes de transmédialité bien consolidées, nos axes thématiques se centraliseront sur la transparence et l’opacité dont le médium artistique visuel est pourvu.

Il est nécessaire de considérer que les images, créées pour représenter quelque chose, possèdent intrinsèquement un degré de transparence et d’opacité : « Un’immaginecreata è tanto più trasparente quanto più ci permette di concentrarci sulle figure raffigurate come se fossero reali […]. L’opacità, viceversa, è la resistenza a questa illusione, data dalla natura fittizia dell’opera » (D. Barbieri, 2017: 16).

La BD opaque est celle qui expose sa structure au détriment d’une illusion de transparence par rapport au récit. La BD à prétention transparente a été associée à la lecture puisqu’il y a une prééminence de la narration et que la BD opaque s’associe à une BD de vision et est plus plastique.

Du côté du sens également, il est possible d’établir des processus d’analyse qui migrent de la surface vers la profondeur de l’œuvre. En considérant les trois plans de signification que Thierry Groensteen propose dans son Système de la bande dessinée, on peut également décomposer la perméabilité de la représentation graphique de la bande dessinée. En isolant du contexte le plan du dessin, il est possible de « traduire ou exprimer ce que je vois à l’intérieur du cadre en termes linguistiques ». Le deuxième plan assume la tâche de maintenir ensemble les trois temporalités de la lecture, comme une unité syntaxique autonome, de sorte que le passé de la vignette précédente et le futur de la suivante permettent au lecteur de construire « des relations sémantiques » avec l’action / la vignette à peine lue. Enfin le troisième plan, dans lequel « La séquence se laisse elle-même convertir en un énoncé synthétique qui, transcendant les observations et constructions de niveau inférieur et arrêtant le travail d’inférences, produit un sens global explicite et satisfaisant » (T. Groensteen, 1999 : 130-131).

Tout comme les traits du dessin peuvent mettre en pleine lumière le personnage ou une scène, il existe une narration nette, dont la structure porteuse de l’histoire est parfaitement décelable dès le premier regard. Les traits caractéristiques de la fabula se montrent en transparence, devenant les charnières qui soutiennent et meuvent toute transposition artistique possible de l’œuvre graphique. Quelquefois, pour l’efficacité de la fruition, on prête attention seulement à l’apparence : on ne peut pas regarder à travers le dessin, la pipe dessinée est une pipe, il s’agit de symboles qui représentent une réalité. Le pacte avec le lecteur consiste même dans le fait que pendant la lecture d’un roman graphique il faut prêter attention au symbole sans regarder à travers (N. Goodman, 1978).

Ce n’est que dans la reconnaissance et dans l’identification de la représentation graphique que le lecteur arrive à comprendre le message de l’œuvre. Dans la BD, la narration et la description coïncident, inhibant une transparence figurative complète, et créant, au contraire, une sorte d’opacité persistante qui empêche l’acte de monstration d’être pleinement transparent et transitif. L’opacité est référentielle ; la BD est une représentation d’événements, les histoires ne sont pas nécessairement vraies, mais vraisemblables. Le concept d’opacité s’étend aussi aux expressions linguistiques : langue littéraire, variations linguistiques, jeux de mots, expressions figées.

La transparence permet la parfaite superposition. L’opacité, au contraire, est nécessaire là où le médium accomplit un autre choix créatif, mais cet acte éloignera l’œuvre dérivée de l’œuvre originelle. L’histoire et les dessins peuvent faire filtrer plus ou moins clairement les contenus dérivés. Un modèle culturel ou social est véhiculé par le médium artistique et non pas seulement représenté ou raconté en premier plan. Un arrière-plan où les figures bougent : « Le dessin et l’écriture sont par nature des traces. Même les productions les plus transparentes de la ligne claire font preuve d’une sorte d’incapacité atavique à atteindre une entière transparence. Le dessin n’est jamais un simple moyen de figuration, quelque chose en lui fait réticence, aspérité, opacité ; il s’accroche obstinément à la subjectivité d’un style » (P. Marion, 1991 : 61).

Les propositions de communication privilégieront donc les axes suivants :

1. Traduction et adaptation
2. Le 9ème art et la réalité augmentée
3. Littérature et art séquentiel
4. Langues standards et variations
5. Représentation culturelle et de genre
6. Outil didactique
7. Le 9ème art et le cinéma

Bibliographie indicative

Barbieri, D., (1991): I linguaggi del fumetto, Milano, Bompiani.

Barbieri, D., (2009): Breve storia della letteratura a fumetti, Roma, Carocci.

Barbieri, D., (2017): Semiotica del fumetto. Roma, Carocci.

Cómitre Narváez, I. (2015) : « Traduction et créativité dans la bande dessinée », En route pour le Goncourt de J.-F. Kierzkowski et M. Ephrem Çédille, revista de estudios franceses, 11, 131-154

Dancette, J., Audet, L. & Jay-Rayon, L., (2007) : «Axes et critères de la créativité en traduction». Meta, 52 (1), 108-122.

Eisner, W., (2008): Graphic storytelling and visual narrative : principles and practices from the legendary Cartoonist, New York, W.W. Norton & Co.

Fresnaut-Deruelle, P., (1972) : La bande dessinée. Paris, Hachette.

Gibbons, C. T., Varnum, R. (2001): The Language of Comics: Word and Image. StatiUniti, University Press of Mississippi.

Goodman, N., (1978) : Ways of Worldmaking. Hackett Publishing.

Groensteen, T., (1999) : Système de la bande dessinée. Paris, PUF.

Groensteen, T., (2007) : La bande dessinée. Mode d’emploi. Liège, Les Impressions Nouvelles.

Groensteen, T., (2011) : Bande dessinée et narration. Système de la bande dessinée 2. Paris, PUF.

Groensteen, T., (2012): «The current state of French comics theory». ScandinavianJournal of Comic Art, 1 (1), 112-122.

Gubern, R., (1975): Il linguaggio dei comics. Milano, Milano Libri.

Ippolito, M. (2010) « Translating humour in comics for children: a Donald Duck comic strip and its Italian translations », in Valero-Garcés, C., Dimensions of humor. Explorations in linguistics, literature, cultural studies and translation. Valencia, Publicacions Universitat de Valencia, pp. 407-418.

Kaindl, K., (2004): « Multimodality in the translation of humour in comics», in EijaVentola et al. (eds.), Perspectives on Multimodality, Amsterdam/Philadelphia, John Benjamins, 173–92.

Kaindl, K., « Thump, Whizz, Poom: A frame work for the Study of Comics under Translation, Target », in International Journal of Translation Studies, John Benjamins B.V., Amsterdam, 11, n. 2, pp.263-288, 1999.

Lacassin, F. (1982, I ed. 1971) : Pour un neuvième art- la bande dessinée, Slatkine, Paris-Genève.

Marion, P., (1991) : « Traces graphiques, lecture et vraisemblance », dans l’Image BD – Het strip beeld, Actes du colloque international, Leuven, Open ogen et Centre belge de la bande dessinée.

Pauwels, L., Mannay, D., (eds.), (2019) : The SAGE handbook of visual research methods (2nd Edition), London: SAGE Publications.

Saffi, S., (2008) : « Chants et cris d’animaux : corpus d’onomatopées et de verbes français et italiens », Arches de Noé [2], in “Revue d’études italiens”, Centre Aixois d’Études Romanes, Université de Provence, n. 12, pp. 173-190.

Saffi, S., (2014) : « De l’intérêt d’une étude contrastive des bandes dessinées Topolino et Le journal de Mickey », Studia Universitatis Babeş-Bolyai Philologia, Université de Cluj (Roumanie), LIX, n.3, pp. 7-23.

Sclafani, M.-D., (2018):  « Le Roman graphique en méthodologie CLIL», Roman graphique en langues romanes, Cahiers d’Études Romanes, nouvelle série, n. 37, Aix-Marseille Université (AMU), pp. 221 – 233.

Velez, A. (2017): « Da Plop a Yiuk Yiuk : onomatopee, ideofoni e interiezioni ne Le Journal De Mickey, Picsou e Topolino dagli anni Trenta agli anni Settanta », In Verbis, Roma, Carocci.

Yuste Frías, J., (2010) : «Au seuil de la traduction : la paratraduction», in T. Naaijkens (ed.), Event or Incident. Événement ou Incident. On the Role of Translation in the Dy-namics of Cultural Exchange. Du rôle des traductions dans les processus d’échange cultu-rels. Bern, Peter Lang (Genèses de textes-Textgenesen 3), 287-316.

Yuste Frías, J., (2011) : «Traduire l’image dans les albums d’Astérix. À la recherche du pouce perdu en Hispanie», in B. Richet (ed.), Le tour du monde d’Astérix, Actes du colloque tenu à la Sorbonne les 30 et 31 octobre 2009, Paris, Presses Sorbonne Nouvelle, 255-271.

Zanettin, F., (2007): « I fumetti in traduzione. Approcci e prospettive di ricerca », in Intonti, V., Todisco, M., La traduzione. Lo stato dell’arte/ Translation. The State of the Art. Ravenna: Longo.

Zanettin, F., (2008): Comics in Translation. Manchester, St. Jerome Publishing.

Zanettin, F., (2010): « Humour in translated cartoons and comics », in D. Chiaro(ed.), Translation, Humour and the Media, New York, Bloomsbury Publishing, 34-52.

Soumission des propositions d’intervention et informations pratiques

Les résumés, de 300 mots au maximum, avec quelques références bibliographiques, accompagnés d’une notice bio-bibliographique de l’intervenant.e, seront envoyés aux adresses suivantes : antonino.velez@unipa.it et mariedenise.sclafani@unipa.it avant le 30 septembre 2022.

Les propositions seront évaluées à l’aveugle par des pairs.

L’acceptation sera notifiée le 15 novembre 2022.

Le colloque aura lieu en présentiel ou en distanciel, à l’Université de Palerme et au IPSSEOA « Pietro Piazza » de Palerme selon les normes sanitaires imposées, ouvert à toutes et à tous, du 9 au 10 mars 2023.

Les interventions, dont la durée ne doit pas excéder 20 minutes, se feront en français, anglais, espagnol et italien.

Comité scientifique (par ordre alphabétique) :

Isabel Cómitre Narvaez (Université de Malaga)

Virginie Culoma Sauva (Université Amu Aix-Marseille)

Carmela Lettieri (Université Amu Aix-Marseille)

Francesco Paolo Alexandre Madonia (Université de Palerme)

Vito Pecoraro (IPSSEOA « Pietro Piazza »)

Sophie Saffi (Université Amu Aix-Marseille)

Marie-Denise Sclafani (Université de Palerme)

Catherine Teissier (Université Amu Aix-Marseille)

Daniela Tononi (Université de Palerme)

Antonino Velez (Université de Palerme)

Fabio Zanettin (Université de Pérouse)

Comité d’organisation :

Antonino Velez, Marie-Denise Sclafani, Francesco Paolo Alexandre Madonia, Daniela Tononi, Vito Pecoraro, Nacira Abrous, Martine Sousse, Sara Cacioppo, Monica Adriana Huerta

Organisation administrative :

Dipartimento di Scienze Umanistiche – Università degli Studi di Palermo

Viale delle Scienze Ed. 12 – 90128 Palermo

web: http://www.unipa.it/dipartimenti/scienzeumanistiche

Segreteria convegni, sig. Vincenzo Lo Grasso vincenzo.lograsso@unipa.it Tel. +3909123899553.

Frais :

Frais de participation 100 euros

Doctorants 50 euros

(incluant 2 repas et pauses café)