La chanson de langue d’oc contemporaine et l’Italie – Journée 4 Octobre 2019
« La chanson de langue d’oc contemporaine et l’Italie,
ancrage dialectal et dynamiques transnationales«
Vendredi 4 Octobre 2019
Projet porté par Estelle Ceccarini, MCF, DEI-CAER
Cette journée d’études s’insère dans le cadre du réseau de recherche
pluridisciplinaires « Chanson. Les ondes du monde » et s’appuie également sur le
travail mené dans le cadre de l’axe 2 du CAER « Écriture, réécriture, intermédialité »,
dirigé par le professeur Perle Abbrugiati.
Ces dernières décennies ont vu une diversification notable de la scène musicale
occitane, et l’émergence de nouvelles générations d’artistes. Le chant polyphonique,
presque absent de la tradition de langue d’oc, s’est affirmé grâce aux créations
d’artistes comme Manu Théron et le groupe le Còr de la plana ou comme les
chanteurs du Corou de Berra, jusqu’à devenir un élément central de la vocalité
occitane contemporaine. Ces pionniers ont reçu une reconnaissance internationale
et suscité l’émergence de plusieurs groupes très actifs (La Mal Coiffée, Lo Barrut, Uèi,
San Salvador, pour n’en citer que quelques-uns). Un certain nombre de musiciens
ont, quant à eux, choisi de poursuivre l’exploration, la réinterprétation et la création
autour de l’héritage poétique des troubadours, de façon très diverse. Par ailleurs, de
nombreux groupes, dans des styles très différents, ont émergé et se sont affirmés:
de la chanson trad’ renouvelée et multiculturelle de Du Bartàs ou du groupe italien
Lou Dalfin1, au sound emblématique des Massilia Sound system, en passant par
Moussu T e lei jovent, au reggae/ragga/rap festif et engagé de Mauresca fracàs dub,
au hip hop de Doctor de trobar, ou encore la chanson d’auteur de l’aranaise Alidée
Sans2.
Un élément singulier de cette évolution est que la chanson d’oc s’est également
renouvelée dans les collaborations, nombreuses, avec des musiciens issus d’autres
sphères culturelles. Ces influences sont la conséquence de rencontres lors
d’événements artistiques mais aussi à relier aux migrations qui caractérisent la
période contemporaine, et dont la métropole marseillaise est un carrefour. De l’Italie
aux Balkans, en passant par l’Espagne, le Maghreb ou le Brésil, la création musicale
d’oc contemporaine apparaît comme un creuset où, loin du cliché d’un folklore
fermé sur lui-même, en métabolisant l’héritage linguistique et musical des pays d’oc,
et en démentant la menace d’effacement qui pourrait la guetter, la langue d’oc vit et
se transmet.
Ainsi, dans cette dynamique transnationale, elle trouve des échos à ses
problématiques, dépassant le carcan d’une orientation folkloriste pour s’insérer,
comme elle l’a fait si magistralement par le passé, dans le monde mouvant que
composent les peuples qui l’entourent. L’étude de ces dynamiques, de leurs
manifestations et de leurs effets, apparaît alors comme fondamental pour
comprendre comment la chanson dialectale, d’oc ou d’ailleurs, n’est pas l’espace
étroit d’une nostalgie du passé mais un lieu où se posent les questions essentielles
pour nos sociétés contemporaines. Elle est un des champs où observer le rapport
entre les dimensions locales, nationales, et la mondialisation, les dynamiques qui
naissent de la rencontre entre enracinement et multiculturalisme, le face à face entre
des produits culturels dominants et des artistes issus de civilisations minorées mais
qui ne se résignent pas à cesser de clamer leur dignité.